A propos d’épidémies et de l’écriture inclusive, y-a-t-il du nouveau ?

Michel PAUTY

Académie de Dijon

1583, des Suisses venant de Paris apportent la peste au Val-de-Suzon  et plusieurs d’entre eux meurent à l’hôpital. La chambre de Ville de Dijon fait défense aux habitants du Val de Suzon de venir à Dijon sous peine d’être arquebusés aux portes. Elle prie aussi les chanoines de la Sainte Chapelle, seigneurs de ce village, de faire promptement fermer les maisons où les malades ont séjourné. Il est délibéré enfin que les Suisses ne pourront entrer en ville que s’ils sont sains et valides.

1585-1587, aux premiers symptômes d’une contagion nouvelle, la Chambre de Ville veut s’opposer au « sauve qui peut » des années précédentes. Elle défend donc à tous les habitants de quitter Dijon, sauf pour les «hommes capables de s’acquitter de leur devoir  à la garde des portes ». Elle demande à tous les habitants de déclarer aux échevins de leur quartier s’ils ont des malades chez eux et le genre de leur maladie et aussi de tenir les rues propres   et faire du feu, la nuit, devant leurs maisons, afin de purifier l’air.  Quoiqu’il en soit, les Dijonnais étaient tellement abattus qu’ils en oubliaient leurs fêtes.

C’est dans ce contexte qu’Etienne Tabourot pour chasser les miasmes de la peste va publier en 1585 son ouvrage « Les Apophtegmes du sieur Gaulard ».  Depuis 2020, nous subissons les attaques du Covid et  les moyens de défense se rapprochent de ceux rapportés par Clément-Janin [i]dans son ouvrage « Les pestes en Bourgogne, 1349-1636 »[1]. Mais depuis 1585, la vaccination est apparue comme un bon moyen pour vaincre les virus, cependant les Dijonnais du XXI ème siècle sont toujours un peu abattus et en cette période de « carnaval » lorsque l’on parle de l’écriture inclusive je vous propose cette historiette tirée des Apophtegmes du sieur Gaulard (p.137 de l’édition sous la direction de Gabriel-André PÉROUSE Les Bigarrures du Seigneur des Accords, quatrième livre avec les Apophtegmes du Sr Gaulard , Honoré Champion , Paris, 2004).

 “Son Aumônier Marchane baptisait une fille dont il était le compère (parrain) : et  voyant qu’il demandait selon la coutume : « Quel nom aura-t-il ? ».  C’est une fille, dit monsieur Gaulard, qui aura nom Anne ». En fin, Marchane ayant répété encore deux ou trois fois : Quel nom aura-t-il ? En voyant que Monsieur Gaulard le reprenait à chaque fois, lui disant toujours : C’est une fille – Voy dit-il, Monsieur, vous estes bien beste de me le dire : le connois-je pas bien à son conin ? Vous avez raison, dit Monsieur Gaulard : car il faut seulement appeler les choses par leurs noms quand on ne les connaît pas  ».

 A l’époque on baptisait les nouveaux nés tout nus !  Marchane prononçait : il pour elle maintenant on aurait dit iel mais alors l’historiette aurait perdu son sens ! Espérons que ces fantaisies : il, elle remplacées par iel n’auront pas de suite ! et de plus Anne pouvait être un prénom autant masculin que féminin !