Présentation historique
Aujourd’hui Académie des Sciences, Belles-Lettres et arts d’Angers, l’Académie royale des Belles Lettres d’Angers créée par Lettres patentes en 1685, est. l’une des plus anciennes de France.
Sa création résulte de l’initiative d’un conseiller du Présidial, François Grandet, avec l’appui du Corps de Ville et du maire, Jacques Charlot. Les lettres patentes accordées par Louis XIV fixent le nombre des académiciens à trente. L’évêque d’Angers Henri Arnauld, âgé de 88 ans, en devient le premier directeur, et préside le 1er juillet 1686 son installation solennelle par l’Intendant de la Généralité de Tours, Louis Béchameil du Nointel. Le maire, Jacques Charlot, l’Intendant de la Généralité de Tours. Parmi des membres figurent de grandes personnalités locales, Charles de Beaumont d’Autichamp lieutenant du Roi pour la ville et le château, René Gohin, président du Présidial, l’écrivain Gilles Ménage, le juriste Claude Pocquet de Livonnière, bientôt secrétaire perpétuel de la nouvelle Académie, Nicolas Pétrineau des Noulis, président de la Prévôté et échevin perpétuel d’Angers.
Au fil des années, et avec le renouvellement de ses membres à leur décès, ils ont été de 1685 à 1793, 139 académiciens, représentant les grandes familles de la province, des universitaires, des médecins, des hommes de lettres ou de science, des membres du Présidial et des échevins, un nombre important d’abbés et de chanoines… Un immense cortège solennel d’hommes vêtus de noir, de violet, ou de rouge suivant la couleur des robes de leurs fonctions, dont les séances se tiennent dans un petit pavillon bordant le jardin de la Mairie, que celle-ci a mis à la disposition de l’Académie. L’une de ses charges est la prononciation du panégyrique annuel du roi, à la date invariable du 14 mai, discours presque codifié, destiné à incarner la présence du roi, exalter sa grandeur du roi et l’amour qu’il inspire à ses peuples, défenseur de la chrétienté, conquérant, magnanime…Les panégyriques de Louis XIV, Louis XV, Louis XVI ont été prononcés jusqu’en 1787.
Les séances ordinaires, à l’origine chaque semaine le mercredi, sont consacrées à la lecture des travaux des Académiciens, qui portent sur les lettres latines ou françaises, l’histoire ou le droit de la province, avec quelques travaux notoires ainsi la publication de l’ouvrage de Dupineau sur les coutumes d’Anjou confiée à Claude Pocquet de Livonnière, les travaux médicaux avec Pierre Hunaud, le père puis le fils Pierre, l’un des pionniers de la médecine en Anjou, les sciences avec Charles Reynaud ; parfois des travaux plus légers, ainsi les poésies de Longueil ou de Jean Normand du Hardas… Au milieu du XVIIIe siècle, le relais de la poésie est assuré du Verdier de la Sorinière, celui du droit par Claude-Gabriel Pocquet de Livonnière, François Prévot et Jacques-René Gastineau, celui de l’histoire par l’abbé Jacques Rangeard, l’un des membres les plus actifs de la Compagnie en même temps qu’esprit très original. Malheureusement, si mention en est le plus souvent faite dans le registre des séances tenus par le secrétaire, le détail n’en est pas donné, et l’Académie d’Angers ne publie pas, faute de moyens financiers.
L’on peut pourtant sans peine noter les moments forts de son histoire. Après la grande période des vingt premières années, une première crise affecte l’Académie, au moment où le royaume lui-même semble affaibli, où le soleil du Grand Roi perd son éclat au cours de la Guerre de Succession – défaite de la seconde bataille de Blenheim en 1704, de Turin en 1706, la même année défaite de Ramillies, en 1708 défaite d’Audernarde suivie de la perte de Lille. Au début de 1708, le nouvel évêque d’Angers, Monseigneur Poncet de la Rivière ferme l’Académie, qui ne reprend ses travaux qu’après la signature des traités d’Utrecht en 1713 et de Rastadt en 1714. Un an avant la mort de Louis XIV, qui ouvre une époque au cours de laquelle l’Académie semble ne devoir son dynamisme qu’à celui de son Secrétaire général, Claude Pocquet de Livonnière. Après sa mort en 1726, sans doute sous l’autorité de directeurs sans grande personnalité, l’Académie semble s’assoupir, lorsqu’elle est vigoureusement reprise en main par Coquereau de Boisbernier, son directeur en 1747.
C’est une grande année. Coquereau de Boisbernier ouvre l’Académie au champ des idées nouvelles, ces Lumières qui brillent déjà à Paris, en nommant des membres associés réputés pour une légitime notoriété : Le premier des associés est René-Antoine Ferchault de Réaumur, l’un des membres les plus illustres de l’Académie des Sciences, qui adresse à l’Académie les six Volumes de ses Mémoires sur les insectes ; le second est Voltaire, alors encore historiographe du Roi, qui lui adresse sa pièce Sémiramis. D’autres suivent, et parmi eux de grands noms, de Louis Racine, fils du dramaturge, à Florian, le second La Fontaine, qui s’est fait connaitre en 1782 par son poème Voltaire et le serf du Mont-Jura. C’est encore Coquereau de Boisbernier qui relance les prix de l’Académie décernés dans ses premières années et oubliés, qui donne à l’Académie son écusson « d’azur au parnasse d’or surmonté d’un laurier d’or et aux fleurs de lys d’or sans nombre, avec l’échiquier d’Anjou en bordure ». Bref, s’ouvre une période de dix années d’élargissement sensible des travaux de l’Académie aux champs nouveaux de la culture et de la société du temps des Lumières, à l’exclusion des idées politiques qui n’appartiennent pas au champ de ses travaux.
En 1760, l’Académie connaît un nouveau temps fort, dans l’immense mouvement lancé en France par le contrôleur général des Finances Henri-Léonard Bertin, et en Anjou par le marquis de Turbilly, bientôt membre associé de l’Académie, l’un de ces grands agronomes que l’on connait bientôt sous le nom de physiocrates. Sans que l’Académie soit confondue avec le nouveau Bureau d’Agriculture créé en 1761, beaucoup de ses membres y tiennent un rôle important et participent à son œuvre en matière d’économie rurale. L’Académie d’Angers, qui a obtenu la même année la désignation d’un vice-protecteur plus proche d’elle que le roi, en la personne du maréchal de Contades, l’une des plus grandes familles de l’Anjou, reçoit en 1771 un nouveau protecteur en la personne du comte de Provence, futur Monsieur, et futur Louis XVIII, nouveau duc apanagé d’Anjou, dont le rôle dans la province devient important après l’avènement de Louis XVI. A partir des années 1780, il s’intéresse en particulier de très près aux travaux de mise en valeur des terres, et d’utilisation des eaux. Il renoue avec la tradition des prix une seconde fois oubliés, pour des travaux tournés vers le progrès économique, donnant l’exemple à l’évêque nommé en 1783, Monseigneur du Vivier de Lorry, qui crée à son tour un prix à préoccupation plus sociale. L’Académie royale n’échappe pas au mouvement des esprits de la décennie 1780-1789. Les derniers prix décernés par l’Académie, en 1787 à Louis Sébastien Viger des Hubinières sur Les Moyens d’encourager le commerce et l’industrie dans la ville d’Angers, véritable programme de la bourgeoisie révolutionnaire angevine, et en 1788 à Pierre-Antoine Frémond de la Merveillère sur Les origines, progrès et changements des levées de la Loire est sans doute un véritable programme d’aménagement local du territoire, mais on n’en connaît pas le texte – et Frémond, ingénieur des fortifications est alors envoyé aux Antilles.
Plusieurs des membres de l’Académie s’engagent dans les assembles de la pré-révolution, se trouvent élus représentants des trois ordres de l’Anjou aux Etats-Généraux devenus Assemblée constituante, ainsi l’abbé Rangeard pour le Clergé, le comte de Ruillé pour la noblesse, le jeune Etienne Brevet de Beaujour pour le tiers Etat.Le 30 juin 1789, l’Académie royale tient sa dernière séance. Le tourbillon révolutionnaire la fait disparaitre comme toutes les autres, avec le décret présenté et soutenu à la Convention par l’abbé Grégoire le 8 août 1793. C’est l’avènement de la Terreur, au cours de laquelle cinq anciens académiciens sont guillotinés.
*
Alors que, assez tôt après 1800, plusieurs Académies se reconstituent, il faut attendre 1828 pour que des notables angevins, sous l’impulsion de l’imprimeur Louis-Joseph Pavie, fondent une Société d’Agriculture, Sciences et Arts d’Angers, avec l’appui du maire le comte de Villemorge. Sa reconnaissance officielle est bousculée par la chute de Charles X. Il faut attendre le 25 juin 1831 qu’elle obtienne un statut officiel, et 1833 pour sa reconnaissance d’utilité publique sous le nom Société d’Agriculture, Sciences et Arts, comptant alors 71 sociétaires. Héritière directe du Bureau d’Agriculture de 1761, elle revendique aussi sa filiation avec l’Académie royale de 1685 Elle se dote immédiatement d’une publication, ses Mémoires, qui sont le miroir de ses travaux.
La nouvelle Société se donne deux domaines privilégiés. L’agriculture, et mieux encore l’horticulture est le premier. Grâce au chimiste Michel Eugène Chevreul, au pépiniériste Adolphe Audusson, au botaniste Pierre-Aimé Millet elle obtient l’ouverture d’une école d’arbres fruitiers dans le jardin du Museum. En 1838, une section, le « Comice horticole », est créée au sein de la Société, dont l’activité se lit autant dans les travaux publiés par les Mémoires que par les expositions florales organisées dans la ville, ou les productions de son « Jardin d’Agriculture » dont la célèbre poire « Doyenné du Comice » produite en 1848 sur un arbre planté en 1840, et dénommée en 1851. En 1863, le Comice devient autonome, sous le nom de Société d’horticulture du Maine -et Loire.
La priorité semble alors prise par le deuxième volet de ses intérêts, l’archéologie, servie par l’intérêt que lui porte le président de la Société, Jean-Frédéric Sourdeau de Beauregard. La Société d’Agriculture obtient des subventions pour des chantiers de fouilles, est à l’origine de la fondation du Musée d’Antiquités d’Angers en 1841 avec Victor Godard-Faultrier pour directeur, crée en 1846 une « Commission archéologique » chargée d’opérer des fouilles et de faire des achats d’antiquités pour alimenter les collections de la Ville. Nationale en 1848, Impériale en 1852, la Société d’Agriculture connaît en ce milieu du siècle ses plus belles années, avec comme acteurs majeurs de grandes personnalités dans la ville. Victor Pavie, fils du fondateur, homme de lettres et de culture ; l’imprimeur Léon Cosnier, le comte de Quatrebarbes, le comte de Falloux un temps ministre de l’Instruction publique en 1849, Adolphe Lachèse, président de la Société en 1862, le jeune Gustave d’Espinay… Catholiques angevins, propriétaires terriens, tous engagés dans l’action sociale, ils participent à la prospérité et l’éclat culturel del’Anjou. A son tour, la Commission archéologique obtient son autonomie en 1858, avec une publication de ses travaux séparée des Mémoires de la Société sous le nom Répertoire archéologique de l’Anjou, mais disparait en1869 avec le départ de son président, Victor Godard-Faultrier, qui reste très actif dans la Société presque jusqu’à sa mort en 1895. La Société d’Agriculture laisse encore son nom à la défense des célèbres gisants de Fontevraud réclamés en 1866 par la reine Victoria, après une première réclamation en 1846 – les temps de la « Cordiale Entente »… Adolphe Lachèse, soutenu par tous les représentants du département, mène alors un véritable « mouvement d’agitation légale », auquel il parvient à associer l’Académie française, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l’Académie des Beaux-Arts, qui a pour effet de conserver à la France ces précieux monuments emblématiques de la grande histoire angevine. Pas plus que les autres, les membres de la Société n’ont vu venir les événements de la guerre de 1870-1871, qui entraîne sa fermeture pour plus de huit mois.
La Société, devenue une seconde fois « Nationale », reprend ses travaux le 1er mars 1871. Elle accueille ce jour parmi ses membres, Monseigneur Freppel, nouvel évêque d’Angers, une puissante personnalité, qui s’impose vite auprès de bien des membres de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts. Ils lui apportent un vif soutien dans la création des Facultés libres en 1875, devenues en 1878 « Université Catholique de l’Ouest ». Lorsqu’Adolphe Lachèse, quitte sa fonction au début de 1879, Freppel fait élire pour être son successeur Mgr Sauvé, recteur de la nouvelle Université, qui lui-même y fait recevoir la plupart de ses professeurs, véritable coup de force. En 1880, le jeune René Bazin, beau-frère de l’un d’eux, devient à son tour membre de la Société. Mais dès 1881, Gustave d’Espinay peut remplacer Mgr Sauvé. Après avoir affronté une société concurrente, la Société Académique, qui tente de récupérer, le deuxième centenaire de l’ancienne Académie royale en 1886, il rend à la Société une atmosphère plus sereine, et de l’éclat à ses activités, maintenant dominées par les lettres et l’histoire angevine. Elle continue à être présente dans l’archéologie de la ville avec Godard-Faultrier, toujours directeur du Musée d’Antiquités fondé en 1841 et maintenant installé dans les bâtiments de l’ancien hôpital Saint-Jean ; puis avec son successeur Auguste Michel, dans la connaissance du vieil Angers, de ses rues et de ses bâtiments ; en particulier grâce à Louis de Farcy, neveu du comte de Quatrebarbes, auteur d’une importante Monographie de la cathédrale d’Angers. Elle donne une série de publications de Documents de l’histoire angevine, et prend une nouvelle visibilité dans la vie angevine avec la création de deux sur les revenus d’un fonds légué par le poète Julien Daillière, mort en 1887, et remis pour la première fois en 1896 : un Prix de Vertu, destiné à récompenser un acte méritoire, et un Prix de Poésie – ces prix, décernés, tous les quatre ans, malgré quelques interruptions, existent jusqu’en 1972. E n 1914, la Société d’Agriculture compte 76 membres titulaires, dont 16 ecclésiastiques, 9 universitaires, 7 magistrats, 6 hommes politiques, des représentants de l’ancienne aristocratie terrienne ou du monde de l’entreprise. Après la disparition d’Adolphe Lachèse, de Victor Pavie, de Léon Cosnier, une nouvelle génération ouvre le siècle, avec de grandes personnalités : autour du président Guillaume Bodinier, sénateur, les plus connus sont René Bazin, élu l’Académie française en 1903, et l’infatigable chanoine François Uzureau, directeur de l’Anjou historique, une mine inépuisable pour les historiens de l’Anjou.
La Guerre affecte la Société, qui ne peut fonctionner qu’au ralenti. Elle réduit drastiquement le volume de ses Mémoires, suspend la remise des Prix Daillière de l’année 1916, mais ne disparaît pas. René Bazin, dont le nom est évoqué pour le prix Nobel de Littérature en 1914, non décerné en raison de la guerre, donne, pendant quatre ans un éditorial à L’Echo de Paris, plus de 165 articles – qui viennent d’être réunis et publiés par l’Association des Amis de René Bazin. Le hasard des dates fait que la Société tient séance le 11 novembre 1918 dans l’après-midi, alors que l’on apprend la signature de l’Armistice, occasion pour Guillaume Bodinier de manifester sa joie patriotique, célébrer la paix, le retour de l’Alsace-Lorraine à la France, et faire l’éloge du maréchal Foch. Il meurt en 1922, après une présidence de trente-deux ans. Le chanoine Charles Urseau qui lui succède, auteur en 1908 du Cartulaire noir de la Cathédrale d’Angers, réputé pour sa charité profonde autant que pour son caractère difficile, relève la Société d’Agriculture tombée à 64 membres. Il relance le recrutement, au point que la Société qui peut statutairement compter 80 membres, dépasse la centaine de titulaires après 1930 ; il introduit dans ses pratiques les « communications orales » qui s’ajoutent désormais aux « lectures verbales », ranime ses séances qui atteignent maintenant la trentaine de présents, célèbre avec éclat le centenaire de sa création en 19128, mais parvient aussi à se brouiller avec René Bazin qui abandonne l’Académie. Il lutte avec acharnement contre les difficultés matérielles qui accablent l’Académie – ainsi la hausse des prix, le coût de l’impression des Mémoires. Tenté de rendre à la Société sont ancien nom d’Académie, le chanoine Urseau renonce devant la lenteur et la lourdeur du labyrinthe administratif qu’il faudrait parcourir, bien que l’horticulture ait disparu de ses horizons. Reste toujours l’archéologie élargie à la préhistoire avec Adrien Planchenault ; l’architecture médiévale, avec l’étude des vitraux et la création du Musée de la Tapisserie dont le chanoine, déjà successeur d’Auguste Michel en 1918 à la direction du Musée Saint-Jean, devient lui-même le conservateur ; les belles-lettres avec Pierre Gourdon, prix de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre littéraire en 1918, ou le très plaisant poète Xavier de la Perraudière ; l’histoire, marquée par l’arrivée de Jacques Levron, archiviste en chef du département en 1931 ,presque l’inventeur de l’immense source d’histoire sociale que représentent les registres paroissiaux… Entre 1924 et 1939, 133 communications sont publiées dans les Mémoires, dont 43 concernent l’histoire angevine, une vingtaine l’histoire générale, une vingtaine encore les lettres, avec la révélation d’Emile Joulain futur grand poète du « parler angevin », déjà illustré par Marc Leclerc. Mais 13 seulement portent sur des sujets scientifiques. Les autres s’ouvrent à des domaines plus divers, des récits de voyages, des récits de la guerre. L’élection du chanoine Urseau comme membre correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres vient couronner et consacrer une grande œuvre.
En mai 1940, la guerre déclarée en septembre 1939 devient brutalement tragique. Le 17 juin, Angers subit le premier bombardement de son histoire, effacé dans la mémoire collective par l’appel du 18 juin, et dans la mémoire angevine par les combats des Cadets de Saumur entre le 19 et le 21 juin. Les Allemands sont entrés à Angers le 19juin, le 21, la séance de l’Académie est renvoyée « à une date ultérieure », le chanoine Urseau très affecté, meurt le 20 août. Jacques Levron lui succède, mais n’est élu président qu’en novembre 1941. La Société semble reprendre sa forme traditionnelle, mais se trouve en rupture sensible, même si son expression reste prudente, avec le pétainisme après novembre 1942. Jacques Levron, chantre de « l’érudition libérale », maintient la Société à l’écart de tous rapports avec les autorités d’occupation. On apprend après la guerre que deux des membres de la Société, tous deux actifs dans des réseaux de résistance, ont disparu dans les camps, le comte de Champagny déporté à Flossenburg, mort en mars 1944, et le comte de Sauveboeuf, déporté à Buchenwald, mort en octobre 1944.
*
Sans attendre les décrets du Ministère de ‘l’Intérieur, Jacques Levron , dès l’année 1946, réactive l’ancienne Société d’Agriculture, en lui rendant , avec de nouveaux statuts, le nom d’Académie, consacré par un décret du 15 avril 1947 : Elle est désormais Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Angers. L’article 3 de ses nouveaux statuts ouvre la nouvelle Académie aux femmes, mais en réservant la titularisation aux hommes. Il faut attendre le 3 juin 1966 pour qu’une académicienne, Marie-Magdeleine Le Dall, présente une communication. En 1985, alors présidée par Françoise Poirier-Coutançais, l’Académie donne un grand éclat à la célébration du troisième centenaire de sa création. Le 30 avril 1989, les statuts sont revus et reconnaissent désormais aux femmes la possibilité de devenir membres titulaires. A la même date, le nombre de ceux-ci est fixé à 100. En 1989, l’Académie d’Angers est l’une des 23 Académies de province fondatrices de Conférence Nationale des Académies de Sciences, Lettres, et Arts, sous l’égide de l’Institut. Dans le souci d’une relative unification, elle doit abaisser le nombre de ses titulaires à 60, dont la « place » devient en 2001 un « fauteuil » affecté d’un numéro. L’Académie compte donc aujourd’hui 60 membres titulaires, une dizaine de membres d’honneurs, quelques membres émérites ou honoraires, et autour de cent soixante membres associés, appelés à devenir à leur tour membres titulaires.
Sous la présidence de Jean-Claude Remy, successeur en 1993 de Françoise Poirier-Coutansais, l’Académie est installée en 1999 dans les locaux de l’Hôtel de Livois. Elle se réunit deux fois par mois, de septembre à juin, en séances publique, au cours desquelles ses membres présentent leurs travaux sous la forme de communications, préparées le plus souvent au sein de l’un de ses sections – actuellement, Lettres, Histoire, Arts, Sciences et technologie, Sciences de la Vie, Sciences économiques et sociales. Elle délivre trois prix : le Prix de la Vocation, créé en 2009 avec l’appui du Conseil Départemental, récompense une initiative visant à améliorer les relations sociales par le biais de la culture ; le Prix René Bazin créé en 2019, qui récompense le concours d’éloquence de la Faculté de Droit de l’Université Catholique ; le prix Jean-Claude Renier, créé en 2020, qui récompense un travail original de recherches en médecine dans le cadre des travaux de la Faculté de Santé de l’Université d’Angers,. Enfin, l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts d’Angers organise régulièrement des voyages culturels, le premier en 2000 sur les traces des Princes d’Anjou à Naples, le plus récent en 2018 en représentante de « l’Athènes de l’Ouest » en Grèce, ou elle a été reçue par l’Académie d’Athènes, avec les souvenirs du sculpteur David d’Angers et La Jeune Grecque, et de l’archéologue Ernest Beulé dont le nom est toujours inscrit sur une pierre commémorative au pied de l’escalier des Propylées, tous deux membres correspondants de la Société d’Agriculture…
En cette année 2021, affectée comme toutes les institutions culturelles par les contraintes sanitaires liées à la pandémie en cours, l’ancienne Académie d’Angers, fille de Louis XIV, s’ouvre à la communication numérique, et donc à l’avenir.
Jean-Pierre Bois,
Président de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Angers