• PREMIER MESSAGE – CONFORTER ET RASSURER LES ASSOCATIONS :

LEURS QUESTIONS TECHNIQUES APPELLENT DES RÉPONSES TECHNIQUES

Il s’agit de débloquer l’engrenage des difficultés. La plupart des problèmes soulevés par les associations sont d’ordre technique, donc relativement objectifs et résolubles. Il paraît manquer d’une règle commune qui permette aux associations moins expérimentées d’intégrer des modes de relations plus souples, plus égalitaires.

Concernant le problème des fouilles archéologiques préalables aux travaux, il convient d’élargir le champ d’intervention et les moyens des opérateurs en archéologie, dont Archéologie Alsace, après prescription bien entendu du Service régional de l’Archéologie de la DRAC. Il en est de même pour les études préalables aux travaux de consolidation avec la Conservation régionale des Monuments historiques.

Un relais entre les administrations et les acteurs de terrain peut également être assuré par les architectes du Patrimoine, ainsi que par l’architecte en chef des Monuments historiques.

• DEUXIÈME MESSAGE  – LANCER DES CHANTIERS INTELLECTUELS ET CONCEPTUELS

POUR SORTIR DES STÉRÉOTYPES ET STIMULER LES IMAGINAIRES

• Dépasser l’opposition entre « authentique » et « artificiel »

Le patrimoine n’est pas une somme d’éléments matériels immuables, mais est en construction permanente par le jeu naturel de l’extinction des patrimoines ayant perdu leur valeur de transmission, de l’agrégation de nouveaux patrimoines et de nombreux autres facteurs.

• Des sources d’inspiration à évaluer, des imaginaires à ouvrir

L’enquête a révélé l’absence d’un récit fédérateur s’appliquant à l’ensemble des châteaux forts d’Alsace. La dimension imaginaire n’est pas suffisamment connectée à la réalité du terrain entre Vosges et Rhin. L’histoire doit être prise en compte dans toute sa durée, jusqu’au XXI^e siècle, y compris dans une version virtuelle (fiction, science-fiction, cinéma, BD, littérature jeunesse, jeux interactifs). Ce travail à la conjonction du local et de l’universel construit un dialogue entre la matérialité d’un lieu, sa singularité historique et un fonds universel de croyances, de peurs et d’espoirs. La présence de l’artiste John Howe se révèle précieuse.

• Nature, paysage et identité

Le château est un marqueur identitaire fort en Alsace, au centre de ses paysages, un repère fixe qui échappe aux bouleversements de l’environnement. Passerelle privilégiée entre culture et nature, le château fort est support de réflexion et d’expérimentations sur les liens à tisser, parfois simplement à rétablir, entre le temps long qui nous précède et le temps présent, avec son cadre de vie et ses exigences écologiques. La dimension transfrontalière rhénane est indispensable pour inscrire ce patrimoine vivant dans son espace culturel et historique.

• Une stratégie de communication

Nécessité de créer une « image forte », un « concept », une « AOC » (cf. les « châteaux cathares » en Languedoc), stimulant la curiosité, multi publics et multi générations. L’opération « Portes du Temps » va dans ce sens.

Les concepts novateurs doivent s’élaborer progressivement, par cercles concentriques. Le noyau pourrait être la mise en exergue d’une connaissance scientifique rigoureuse. Avec un élargissement aux sphères des créateurs.  

Sans mettre à l’écart les acteurs de la mosaïque castrale : leurs compétences et leur générosité sont immenses. Ils ont besoin de considération et d’assistance. Leur mobilisation est à ce prix.

• TROISIÈME MESSAGE – L’AGORA, UN LIEU DURABLE DE FERTILISATION DES ÉNERGIES :

PARTAGER, ACCOMPAGNER, PRÉCONISER

Le travail de l’Académie d’Alsace souligne la nécessité de créer un espace et des moments de rencontre et de dialogue entre tous les acteurs institutionnels, associatifs, professionnels et politiques. En se connaissant mieux, on peut lever les incompréhensions, désamorcer bien des tensions, faciliter les collaborations et les dynamiques partagées.

D’où la proposition de prolonger le chantier. L’Agora de l’Académie d’Alsace, par son indépendance, par la diversité engagée des membres de son Comité scientifique et culturel, par son histoire longue et ses horizons largement ouverts, est en capacité d’accompagner avec légèreté une démarche de longue haleine, nécessitant bienveillance et persévérance, ambition et pragmatisme.

Il s’agit de la première restitution publique d’un travail mené dans le cadre des Agoras de l’Académie d’Alsace, initiative récente illustrant concrètement notre volonté d’être davantage présents dans les débats publics, avec des réflexions et des préconisations utiles à la collectivité. Après les châteaux forts, d’autres thèmes feront l’objet de nouvelles Agoras, dès qu’il sera possible de se réunir à nouveau en « présentiel ».

Apports pluridisciplinaires, liberté académique, indépendance institutionnelle : voilà les atouts appréciés de nos Académies. Nul doute qu’ils seront plus précieux que jamais dans le contexte incertain de l’après-Covid.