La Société Royale des sciences fut fondée en 1706 par Lettres patentes du Roi LOUIS XIV, comme “extension et partie de l’Académie parisienne des sciences” créée peu avant “afin qu ‘elles constituent ensemble un seul et même corps. “

Dissoute, comme toutes les sociétés savantes, par la Convention en 1793, elle fut reconstituée dès 1795, tout en élargissant ses compétences, sous le nom de Société libre des Sciences et Belles Lettres. En sommeil de 1816 à 1846, elle se reforma et prit le titre d’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Elle fonctionne sous ce titre sans interruption depuis cette date. Elle a été reconnue d’Utilité Publique le 22 avril 1884.

Forte actuellement de 90 membres titulaires et de 20 membres honoraires répartis en trois sections, Sciences, Lettres et Médecine qui proviennent du milieu universitaire aussi bien que socio-économique, elle comporte également 42 membres correspondants.

Elle a pour but la diffusion de la connaissance et de la culture et la participation à la réflexion tant sur le plan scientifique que social et éthique. Elle s’intéresse aux progrès des Sciences dans leurs aspects fondamentaux aussi bien qu’appliqués. Les Sciences Humaines et Littéraires occupent par ailleurs une place de choix dans ses travaux. Ceux-ci  sont réalisés lors de séances hebdomadaires privées et de séances publiques mensuelles.

Sa très riche bibliothèque comporte 40000 volumes . Elle est hébergée par la Bibliothèque inter Universitaire et gérée par celle-ci , sous la responsabilité  d’un conservateur détaché et de ses  propres  bibliothécaires.  Elle  correspond  avec  plus  de  200 sociétés et académies françaises et étrangères. L’Académie a mis en place un site web  opérationnel depuis 15 ans. Il évolue continuellement pour s’adapter aux besoins nouveaux. Outre l’académie, il présente trois contenus principaux en 2021 :

(1)     CV des académiciens actuels et éloges des disparus. Il y a actuellement 630 CV renseignés, souvent avec portrait ou photo, alors que 800 académiciens environ se sont succédés depuis les débuts de la compagnie en 1706.

(2)     Plus de 730 conférences sont accessibles sous forme de fichiers pdf ; on trouve aussi sur le site web les références des 4500 conférences données depuis le début de l’académie. Les textes, quand ils ne sont pas en ligne, sont trouvés dans notre bibliothèque.

(3)     Le site web autorise enfin le visionnage d’une centaine de conférences filmées. La plupart de celles-ci sont physiquement stockées sur YouTube où on peut les regarder directement.

Ces trois types d’informations sont consultés à des niveaux à peu près équivalents, le nombre total de visiteur du site se situant au-dessus de 6000 par mois. Le chiffre est stable depuis des années. Dans le détail, il y a un peu plus d’activité du web l’hiver et un peu moins pendant les vacances d’été. Divers indicateurs laissent supposer que les utilisateurs des conférences et films sont surtout des étudiants et scolaires. Mais, au cours du temps, on observe une évolution : les textes écrits sont de moins en moins consultés ; les films le sont de plus en plus. Les CV des disparus intéressent les généalogistes. On compte 10 à 20 visiteurs par mois pour certains académiciens du passé mais restés célèbres. Quant aux CV des académiciens vivants, ils sont surtout consultés par curiosité quand l’un d’eux est annoncé comme futur conférencier, à l’académie ou ailleurs.

L’adresse Internet de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier est:

htts//ww.acad-sciences-lettres-montpellier.fr

La covid 21 a certes perturbé le fonctionnement de notre Académie au premier semestre 2020 mais a été aussi la source  de nouveaux modes de fonctionnement ainsi les vidéoconférences sont devenues la règle et permettent un fonctionnement quasi normal.

Le siège social de l’Académie est 10, rue de la Valfere à 34000 Montpellier.

Son numéro de Siren est: 423411610; son numéro de Siret: 423 41161000011

Son numero d’enregistrement au répertoire national des associations : W 343019078

L’Académie de Montpellier est âgée d’un demi-siècle de plus que ce que l’on croyait !  

On a pris l’habitude, en effet et depuis longtemps, de dater le début du mouvement académique montpelliérain à 1706. Cette année-là, sur l’initiative de quelques savants et érudits, le roi Louis XIV a signé des Lettres Patentes qui ont fondé, sous le nom de Société Royale des Sciences, une académie que l’on considère depuis comme la première.  En réalité, il avait existé une académie avant celle de 1706, active aux alentours de 1650, et que la mémoire montpelliéraine avait oubliée.

Notre Secrétaire Perpétuel Christian Nique, dans une conférence qu’il a donnée à l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, a présenté les conclusions de ses recherches dont l’objectif était de faire un point sur les certitudes historiques et sur les interrogations se rapportant à cette société qui refait surface. Quelques historiens, dont les travaux étaient restés confidentiels, en avaient parlé, mais, sans doute parce qu’elle a laissé peu de traces dans les archives, elle était totalement tombée dans l’oubli. Une historienne des sciences, membre de l’Académie de Nîmes, Simone Mazauric, a remis au jour l’existence de cette académie dans un ouvrage publié en 2017 et un article publié en 2021. Elle y a notamment démontré la participation d’un des membres de cette académie oubliée à un réseau de « républicains des lettres du midi réformé ». Christian Nique a, à partir du dépouillement des archives locales et des ouvrages de l’époque, contribué à replacer l’académie en question dans son contexte montpelliérain, dans sa ville, dans son époque, dans la société du Montpellier du milieu du XVIIème siècle.

Depuis quelques dizaines d’années, il s’était créé à Paris plusieurs cercles académiques, mais il n’en existait quasiment pas en Province. Le gouverneur de Montpellier, d’Aubijoux, un lettré qui avait fréquenté les salons parisiens, souhaitait en 1649 doter la ville d’une académie. Les consuls n’y voyaient que des avantages. Un savant local, mathématicien reconnu, Bonnel, qui avait correspondu avec Mersenne, qui connaissait Fermat et qui était un adepte des théories de Copernic, est devenu le secrétaire de la compagnie. Une assemblée de vingt-quatre membres a été constituée et elle a adopté les règlements de l’Académie de Castres, fondée en 1648. Ces règlements annoncent sans détour :

« … sil est important dinstruire les hommes au sortir de leurs berceaux, il ne lest pas moins de les instruire au sortir de leur enfance, et si les collèges sont nécessaires aux jeunes gens, les académies ne le sont pas moins aux hommes faits. Le collège exerce notre mémoire, lAcadémie forme notre jugement. Le collège jette dans notre âme les semences de la vertu, lAcadémie lui en fait produire les fruits. Le collège nous rend esclave des livres et des sciences, lAcadémie nous en rend maître. Le collège nous accoutume à la servitude, lAcadémie nous fait capables du gouvernement. En un mot, le collège commence les hommes mais lacadémie les achève. »

Selon le célèbre Sir Digby, le chancelier de la reine d’Angleterre, qui était en relation avec de nombreux savants et avec plusieurs cercles académiques, est venu à Montpellier et a assisté à plusieurs séances de l’académie de Bonnel, dont il a écrit qu’elle était « one of the most famous Academies of France ». Selon Samuel Chappuzeau, un contemporain, elle était « célèbre » et avait « fait quelque bruit dans l’Empire des Lettres ».    

À cette époque, Montpellier était divisée en deux communautés en conflit, les protestants et les catholiques. L’académie était mixte, ce qui lui a vraisemblablement évité beaucoup de tracasseries. Elle a en outre été, un temps, protégée par le fait que le gouverneur de la ville, du Roure, qui avait succédé à d’Aubijoux, avait demandé à en devenir membre. Mais, en 1662, lorsque Louis XIV a durci sa politique envers les protestants – ce qui aboutira à la révocation de l’Edit de Nantes – l’académie a été dénoncée et accusée d’organiser clandestinement des enseignements à des enfants de familles protestantes, ce qui était interdit. Comme l’a écrit un contemporain, les académiciens, sans doute inquiets, sont devenus « inconstants ». Plus aucun document d’archive n’évoque l’académie après cette date. Elle a disparu en silence.

L’actuelle Académie des sciences et lettres de Montpellier doit donc revoir le récit de son histoire. La première société académique montpelliéraine n’est pas née au début du XVIIIème siècle, mais au milieu du XVIIème.

Les recherches se poursuivent ! 

 Gemma Durand