Les défis culturels : un enjeu majeur pour nos compagnies.

Les deux académies lorraines de la CNA, l’Académie nationale de Metz et l’Académie de Stanislas ont organisé conjointement, comme à l’accoutumée, une rencontre sur un thème d’actualité qui entre particulièrement dans le champ de leurs réflexions.

 Cette année, où la réunion a eu lieu le 28 octobre dans le Grand salon de l’Hôtel de Ville de Metz, elles avaient retenu pour thème « Les Académies lorraines face aux enjeux et aux défis culturels contemporains ».  Après les allocutions de bienvenue de M. Patrick Thil, adjoint au maire de Metz et de M. Laurent Watrin adjoint au maire de Nancy ainsi que la présentation de la journée par M. Oliger, président de l’Académie nationale de Metz, six intervenants, trois par compagnie, ont pris la parole. Le matin, sous la présidence de Mme Keller-Didier, de l’Académie de Stanislas, M. Jean El Gammal, professeur émérite à l’Université de Lorraine et vice-président de la compagnie nancéienne a traité de « L’État culturel, les tendances contemporaines et la Lorraine : perspectives et conjoncture ». Il s’est employé, en partant de la création du Ministère de la Culture en 1959 et en rappelant l’action d’A. Malraux et de J. Lang, à analyser l’évolution du rôle de l’État dans le champ de la culture, évolution marquée par un certain désengagement de l’État et un soutien accru des collectivité territoriales. Dans ce contexte, les académies sont en mesure d’assurer certaines responsabilités, de nouer des partenariats pour développer l’attractivité des territoires, dans le cadre d’un tourisme mémoriel par exemple.  Puis M. Jean-Louis Clerc, professeur émérite de l’Université de Lorraine, de l’Académie de Stanislas, souligna avec passion dans « La place des mathématiques dans la culture » la nécessité de renforcer la place de cette discipline dans la formation.  Il montra, en multipliant les exemples concrets et pertinents appréciés du public, leur importance fondamentale et croissante dans la société non sans s’inquiéter des effets pervers de leur usage lorsqu’un changement d’algorithme modifie tout à notre insu. Qu’il s’agisse d’images, de graphiques, de cryptographie, les mathématiques sont un moyen d’expression incontournable, impactant 18% du PIB.  Face au constat alarmant de la baisse du nombre des candidats aux concours de recrutement de l’enseignement et d’un certain désamour du public pour les mathématiques, les académies, fidèles à leur mission humaniste, se doivent d’assumer un rôle de médiation pour valoriser ces dernières. M.  Denis Schaming, administrateur général, vice-président de l’Académie nationale de Metz, plaida « Pour un humanisme numérique ». Créées par l’homme les nouvelles technologies mettent pourtant en cause l’essence même de l’homme. Depuis leur création les académies ont toujours assumé des évolutions. Elles doivent continuer à faire placer l’homme au-dessus de tout, en participant au développement d’une culture numérique utile au bien commun. L’après-midi, sous la présidence de Mme Désirée Mayer, de l’Académie nationale de Metz, a été ouverte par l’intervention de Mme Juliette Lenoir, de l’Académie de Stanislas, conservatrice générale des bibliothèques de Nancy,  intitulée « Les instruments de diffusion de la culture : Limédia ». Depuis 2013, Limédia, bibliothèque numérique de référence, a permis d’apporter la culture à domicile aux abonnés des bibliothèques du Sillon lorrain (Thionville, Metz, Nancy, Lunéville, Epinal). 1160 titres de magazine, 13000 livres numériques, 11000 films (fictions, documentaires, dessins animés), des millions de titres de musique, des cours en ligne, du soutien scolaire sont disponibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Face aux craintes légitimes que suscite le numérique, Limédia est porteur d’espoir. Cette innovation digitale réduit les fractures culturelles et sociales et aide chacun à s’approprier le monde numérique. M. Jacques Fleurentin, de l’Académie nationale de Metz, président de la Société française d’ethnopharmacologie est revenu sur « L’empreinte culturelle de l’écologie à Metz ». La création à Metz de l’Institut européen d’écologie en 1971 et l’action déterminée de Jean-Marie Pelt, décédé en 2015, ont laissé à Metz un héritage indélébile en matière d’écologie urbaine :  la création du plan d’eau au cœur de la cité, la protection des espaces naturels, le développement du patrimoine vert en sont quelques exemples. Un demi-siècle plus tard, de nouveaux défis sont là : maîtriser la croissance, limiter le réchauffement climatique, réduire l’artificialisation des sols pour préserver l’écosystème de la planète et instaurer une santé environnementale durable. Il appartient aux académies de contribuer aux indispensables prises de conscience et de faire partager un nécessaire équilibre entre les savoirs ancestraux et les recherches actuelles. Enfin, Rolf Wittenbrock, de l’Académie nationale de Metz, proviseur honoraire du lycée franco-allemand de Sarrebruck, présenta « Vers un amalgame transfrontalier d’un espace culturel commun ? Acteurs, progrès et déficits ».  Après avoir insisté sur les richesses et les limites d’un espace transfrontalier, il détailla les divers projets mis en œuvre depuis 1991 pour promouvoir le bilinguisme et structurer tout un bassin de vie. Force lui fut de constater que le succès de ces projets est resté limité, face aux progrès de l’anglais.

La conclusion revint à Erick Germain, président de l’Académie de Stanislas, qui mit en lumière avec fougue l’éclairage pertinent apporté par cette rencontre sur des questions de fond que rencontrent notre société et chacune de nos compagnies.           

Jeanne-Marie Demarolle

Présidente de la CNA (2010-2012

Correspondante CNA de l’Académie nationale de Metz et de l’Académie de Stanislas.